LE DECHRONOLOGUE

» Posted on 21 juin 2011 in Lectures, Romans

Stéphane Beauverger – (FolioLa Volte 2009) Grand Prix de l’Imaginaire 2010 – Prix Bob Morane 2010 – Prix du Lundi 2009

Pirate, de retour vers le futur des Caraïbes

Henri Villon est un fier flibustier français essentiellement au service de lui-même. Sacré soiffard, plutôt lettré,  il est à la fois en lutte contre l’empire espagnol et en quête de mystérieux objets aux pouvoirs étonnants. Ce livre est son testament… Une jolie construction littéraire et un vrai récit de pirate déboussolé !

Je me réjouis à double titre.
D’abord, voici enfin une chronique de roman. ça n’a l’air de rien, mais en fait c’est  quelque chose ! Fixxions, je l’ai créé pour écrire sur les romans que j’ai lu, histoire de me les garder en mémoire, histoire d’écrire, histoire de mettre la SF en avant, histoire de renvoyer les gens quelque part quand j’ai envie de leur recommander quelque chose.
Or, après six mois, il faut bien le reconnaître, il y a bien plus d’actus du futur immédiat, et de chroniques BD et de vidéos que de chroniques de romans.

C’est de la faute du temps, qui ne veut pas se démultiplier malgré tous mes efforts, afin d’exister sur plusieurs plans, en même temps. La vidéo, mine de rien, ça mange beaucoup de temps. Vivement les vacances.

Deuxième motif de réjouissance : Stéphane Beauverger. Cela m’a fait tout drôle de voir sa signature sur la couv de Folio, auréolé de tout un tas de prix. Oui je suis tout fier d’avoir été un des premiers lecteurs de Chromozone, en 2003, lors de sa sortie chez les Escogriffes (Merci Thomas et Louis-Antoine).

Et enfin, troisième petit bonheur du moment, une bonne histoire. Il s’agit d’un vrai roman d’aventures en haute mer avec îles désertes et ports fortifiés de flibuste. De Tortuga à Carthagène en passant par les jungles inexplorées… on approche quelques sales gueules,  gouverneurs vicieux, indiens mystérieux et gros marchands intéressés.

Alexandre le Grand vs les pirates

Il s’agit surtout d’un vrai roman de science-fiction. Ici, les Caraïbes se délitent. La région (le monde, apprend on) est le jouet de tempêtes temporelles sauvages, qui dévastent peu à peu l’empire espagnol établi dans les Caraïbes. Ainsi, au fil du récit déconstruit par Beauverger, l’Histoire dévie et ll’on découvre que les indiens ont les moyens de faire plier bagage à l’Espagne. Que la flotille d’Alexandre (Le Grand, celui de l’antiquité) est de retour. Que la quête d’armes et d’objets venus du futur a remplacé la quête de l’eldorado. Et que tout le monde craint cet immense bâtiment fantôme, fait de métal, capable de détruire plusieurs navires à distance en même temps.

En même temps que le capitaine Henri Villon découvre l’ampleur de la fin du monde qui se prépare (à force de collision de temps), le lecteur s’émerveille des inventions de l’auteur, tout en tremblant pour le brave Villon.

Voilà pour les compliments. Les reproches maintenant.

La (dé)construction du récit, méthode de narration originale, qui fait naviguer le lecteur du chapitre 1 au chapitre 17 avant d’aller au 25 pour retourner au 18, est fatiguante.  L’on comprend bien que les canons du temps tonnent si bien qu’ils finissent par dérégler jusqu’à l’oeuvre de l’écrivain. Mais à suivre, c’est au départ déroutant. Et à la longue pénalisant pour qui aime bien être pris dans un suspens grandissant.
Avec Marelles, Julio Cortazar avait construit un roman qui se lisait de plusieurs manières, une histoire aux sens différents selon le sens de lecture. L’histoire de Beauverger ne présente pas cette double lecture, c’est dommage, d’autant qu’elle a fini par me perdre dans les différentes pérégrinations de Villon.
L’autre reproche, c’est le choix de narration. L’écriture au « Je » permet certes d’être au plus près du capitaine. Mais Stéphane Beauverger écrit bien, très bien. Trop bien, pour ce capitaine Villon. Tour à tour soiffard aviné, amoureux platonique, déchet humain, guerrier impitoyable, négociateur rusé, aventurier scrupuleux et capitaine courage…   il verse un peu trop dans l’introspection littéraire pour être tout à fait crédible dans chacun des rôles que Stéphane Beauverger lui prête.

Ce n’est qu’un détail mineur (et qui en plus, fait la part belle au style,  alors bon, on ne va pas non plus se plaindre trop longtemps) : le Déchronologue est une perle de la SF française.

Quand j’aurais le temps, je le relirai, et  dans l’ordre des chapitres cette fois-ci pour préserver le suspens.

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1 Comment

  1. J’ai surtout apprécie l’ambiance pirate. Les canons qui tirent des minutes c’est une bonne idée mais pas assez exploitée. Super roman malgré tout!

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