Quasi aveugle, Fatiha redécouvre le monde grâce à un prototype dont elle est l’un des rares testeurs en France
Un jour, il y a très peu de temps de cela, Fatiha a vu le visage de ses enfants. Dans les détails. Un jour, elle a vu leur sourire s’animer, leurs traits se préciser et leurs expressions s’éclairer. « Oh, bien sûr, je les connaissais, mes enfants. Je les touche sans cesse, les approche le plus près de mes yeux, mais là, oui, j’ai découvert quelque chose que j’ignorais d’eux… » Une révélation. Qu’on pourrait qualifier de technologique. Ou miraculeuse. Au choix. Miracle auquel, depuis le mois de juillet, la jolie quadragénaire ne s’est pas encore habituée.
Car l’émotion est encore forte lorsque, après une demi-heure d’entretien avec un interlocuteur dont elle ne devine que vaguement les contours, une fois chaussées les lunettes, un faciès se révèle à elle. « Et là, je vois que vous souriez », constate-t-elle alors que deux larmes dégringolent sans crier gare. Fatiha a encore le bonheur à fleur de peau…
Canne blanche et grossisseurs
Pour rencontrer Fatiha Gervasoni, il faut remonter les couloirs du siège d’Erdf, à Villers-lès-Nancy, où elle occupe un emploi d’appui administratif au pôle formation. Et ce malgré un handicap qui la laisse dans une nébulosité opaque, depuis que sa rétine a commencé à s’étioler, réduisant sa vision à moins de 1/20e. Ce handicap la condamne à…