Comment ai-je pu oublier ? Il a fallu que j’attende le sms d’un ami me prévenant d’un article signalant que deux groupes majeurs mettaient en ligne quelques moments hallucinants de leurs carrières, pour me réouvrir les yeux, les oreilles, le coeur, l’âme..
Comment ai je pu oublier l’intensité de ces envolées lyriques ?
Tout ce que je suis aujourd’hui, tout ce que j’ai créé, écrit, imaginé, vient de là.
Il y a eu Bashung, et Radiohead et Cure et Bowie et PJ Harvey et des centaines d’autres groupes de pop, rock, rap, chanson, classique, jazz ou electro.
Mais les charges de cavaliers perdus dévalant des sommets inviolés et brumeux, il n’y avait que Genesis (Yes parfois) pour les mettre en scène.
L’insondable des trous noirs, l’apparition de vaisseaux Autres… c’étaient les Floyd.
Sauron, Bilbo, le Château des 100 000 Pièces, les départs dans des lieux situés à des années lumières de la saleté d’ici, c’étaient eux.
Accompagner les couchers des soleil du fond de l’univers, avec quoi vous accompagneriez ça ? Il ne peut y avoir que les déluges de synthés, de batterie et de guitare, l’électricité sculptée par ces musiciens là !
Les forêts sans nom, les ravins perdus, les montagnes et les souterrains oubliés et tous ceux qui vivent dedans… ils sont nés dans les mélodies de Pete Gab et de Phil Collins. Les larmes de désespérance glorieuse qui s’élèvent vers les nuages plutôt que vers la tombe… merci Gilmour, merci Waters.
J’ai beuglé, hurlé, scandé vos mots (The Wall, un double album que je connais par coeur, chose que je ne sais même pas faire avec un Gainsbourg/bashung !). Je me suis arraché l’âme en tentant de plaquer mes cordes vocales sur la guitare de Confortably Numb. Je me suis démis les bras à imiter les coups de boutoir des batteries de Collins/Thompson.
Et le son des Floyd. Leurs jeux de lumière.
La fleur de métal (que vous pouvez voir à la fin de ce live là), elle me secoue encore.
Genesis… La mélancolie de Firth of Fifth, d’Entangled ou de the lamb lies down on broadway…
J’ai maudit le salopard qui a foutu en l’air la bande son du seigneur des anneaux au cinéma. Ce qu’il fallait c’était Genesis. Et si vous ne me croyez pas…. écoutez Selling England by the pound !
La plupart des musiques ne supportent pas les mots qui tentent de les décrire. Celles de Pink Floyd et Genesis sont de ceux là. Je ne cherche pas à faire de la littérature sur ce que je ressens à propos d’eux, ce n’est qu’un témoignage, un moment étonnant pas prévu, venu d’un sms, d’une chaine d’info et de la présence de mon petit garçon…
J’avais une vingtaine d’années et je suis né en écoutant ces deux groupes là, en même temps que j’intégrais Clash, 999, U2, Cure ou Björk.
J’avais 8 ans quand Dark Side of the moon est sorti. Les élèves de ma mère lui avaient offert. Je me souviens de l’avoir écouté avec elles, dans le salon. J’avais peur, des rires, des bruits de cavalcade, du son, profond comme un trou noir.
Plus tard, j’ai compris que ça parlait de la folie.
J’ai vu les uns et les autres à Bercy, Vincennes, au Château de Versailles ou à Auteuil… C’était une autre époque que celle-ci. Je crois qu’on devait être heureux à l’époque. Moins dans les fleurs que dans les 70’s, mais quand même moins dans le continent de plastique qu’aujourd’hui…
AUjourd’hui… Radiohead ou Queens of the stone age arrivent parfois à emmener aussi loin. Mais avec quelle noirceur, avec quelle cynisme !
Genesis, c’était juste mélancolique. Et Floyd, juste triste.
Promis, si vous lisez ce post et qu’une promenade dans la Voie Lactée vous tente, je vous écris tous les chemins pour y parvenir !
Bonus : ce par quoi il faut commencer : Le Genesis des origines. Ils ont été parmi les premiers à théatraliser le rock, à raconter des histoires sur scène. C’est littéraire et musical. C’est incroyable ! C’est sublime, c’est magnifique, c’est inégalé ! C’était Peter Gabriel et Genesis. Peter Gabriel, mi Bowie, mi Robert Smith ! Flute traversière, mellotron, guitare électrique, synthés venus de l’espace (des 70’s)… un moment de grâce, de technique, de lyrisme, de poésie, de…. de… ah mon dieu je défaille ! C’est totalement mythique !
Et pour revenir à Bilbo, Tolkien… écoutez Supper’s Ready, vers 37 mn.