TERRIENNE
Jean-Claude Mourlevat (2011) – Gallimard Jeunesse
Un séjour à Campagne en apnée.
A la recherche de sa soeur disparue, une jeune fille entre dans un monde parallèle au notre : là-bas, tout ce qui est trop humain, fascine et dégoûte. Un cauchemar entre science-fiction et conte fantastique.
Une route de campagne qui mène vers Campagne : étrange frontière entre deux mondes qui se terrifient mutuellement. Le nôtre effraie par sa saleté, ses microbes, ses débauches, de rires et d’émotions ! Le Leur effraie par l’efficacité de son organisation, la propreté de son silence, l’absence de contact… par son horrible pureté et sa brutalité.
L’ESSENCE DE L’ART
Iain M. Banks (1991) – Le Bélial
Mon Impuissance Face à Ta Beauté
(ou Propos d’Imbécile Heureux*)
Alerte, les dandys de l’espace débarquent sur Terre ! En 1977 en plus ! Quand les Agents de la Culture nous observent, ils ne sont pas loin d’être dégoûtés.
Drôle et poignante, l’une des plus belles nouvelles de la science-fiction…
La Culture est l’un des grands cycles de la science-fiction. Sans doute le plus ambitieux, par son propos, son humour et son fond politique. Avec la Culture l’écossais Iain M. Banks a inventé avec la civilisation ultime, quasi divine, avec un statut que nous autres, malheureux humains, convoiteront à jamais, en vain !
GRENDEL
John Gardner (1971) – Denoël-Lune d’Encre
La triste rage du Mal
Grendel est un monstre terriblement malheureux. Sa vie est une farce tragique. Il en souffre et les hommes en pâtissent.
Pauvre Grendel : conscient de sa condition, lucide sur le sens de la vie, il n’a pas l’heur de se bercer d’illusion, comme ces Hommes du Nord qu’il espionne, qu’il terrorise et qu’il massacre. Bête immonde, il vit près de sa puante et décervelée mère, au plus profond de cavernes obscures (on y accède par les tréfonds d’un lac aux serpents de feu, c’est dire) et se frotte au monde dès qu’il en a l’occasion.
LE DERNIER DE SON ESPECE
Andreas Eschbach (2003) – L’Atalante
Machine de guerre perdue
C’était l’arme la plus sophistiquée de l’armée des Etats-Unis. Il est à la retraite et tombe en petits morceaux…
La scène d’ouverture est impressionnante. Pour se réveiller, se secouer de l’hémiplégie et de la cécité qui le saisit au réveil, Duane Fitzgerald se sert d’une batte de base-ball, avant de se plonger un tournevis dans le bas-ventre, histoire de vérifier… ah vous lirez bien la suite, et cela sans craindre de débordements gore !
Andreas Eschbach m’avait étourdi avec « Des milliards de tapis de cheveux », un space opera fameux, novateur dans la forme et poétique (« bradburien ? » dans le fond). Ici, c’est un polar étonnant, au goût doux-amer.
LA BRIGADE CHIMERIQUE
Colin/Lehman / Gess/ Bessonneau (L’Atalante)
Pourquoi l’Europe n’a pas de super-héros…
La réponse est terriblement triste : ils sont morts !
Quand Adèle Blanc-Sec et Hellboy rencontrent les X-Men sous l’oeil bienveillant de la Ligue des Gentlemen Extraordinaires et de Fantomas ! La Brigade Chimérique est une bd savante, fantastique et merveilleuse, à tous points de vue.
Les super-héros français et européens ont eu leur chance. Ils auraient pu exister aux côtés de Superman, Batman et autres Iron Man. Mais voilà, les super-héros d’aujourd’hui sont américains et les européens sont tombés dans l’oubli. La catastrophe a eu lieu juste avant la seconde guerre mondiale ; à l’époque, avant l’électronique et le nucléaire, on avait le radium… A l’époque, le Nyctalope veillait sur Paris, et, dans les tranchées de la Somme, des surhommes naissaient, sous l’effet des gaz de combat…
DES CHOSES FRAGILES
Neil Gaiman (J’ai Lu) Prix Hugo 2004 (nouvelle)
Quelques fonds de tiroir inégaux…
Des nouvelles, des poèmes. Hum, on préfère quand même le grand Neil en version roman.
Zut alors, voilà ma première déception avec Neil Gaiman, jusqu’ici considéré comme LE modèle : rock, bd, sf, fantastique, humour, le britannique maîtrise quelques registres appréciés ici.
Bon, si un jour je deviens écrivain, sans doute que moi aussi, je serai content de ressortir mes vieux écrits,
LA ROUTE
Cormac Mc Carthy (éditions de L’Olivier) prix Pulitzer 2007
Clochards sur une Terre de cendres.
Longtemps après une catastrophe planétaire, un enfant et son père erre dans les terres dévastées des Etats-Unis : ils n’ont plus rien, même pas de nom.
La fin du monde avec les cinéastes américains, c’est palpitant, c’est impressionnant d’effets spéciaux… et ça nous fait rigoler, presque rêver (oui, on se met à la place du héros qui en général a une super nana dans les bras ! Et puis ces fins du monde sont souvent positives, sonnant plutôt comme